Écrire un roman, c’est aussi une compétence qui s’apprend. Ne croyez pas les gens qui vous disent qu’il faut du talent avant tout. Car aucun écrivain célèbre ou majeur n’a été foudroyé ou n’a reçu la visite de Zeus qui lui a donné la grâce. Ils ont tous pratiqué et écrit des centaines et des centaines de pages avant de devenir célèbre.
Qu’ils aient appris directement de la bouche d’autres auteurs ou qu’ils aient tâtonné avant d’y arriver, ils savent maintenant comment écrire un roman : avec beaucoup de travail 😉
Et qu’ils soient des écrivains qui suivent un plan très précis ou des écrivains qui écrivent à l’aventure, ils passent tous par ces 5 étapes indispensables pour écrire et publier leur livre, qu’ils en soient conscients ou non :
1. Les idées
Les idées sont le terreau, la glaise que les auteurs utilisent pour écrire un livre. Ces idées sont souvent nombreuses et collectées dans la vie de tous les jours avant d’être travaillées, polies, concentrées ou délayées.
Les auteurs qui sont créatifs ne sont pas créatifs par magie. Pour avoir les idées nécessaire pour écrire un livre ou un roman qui sortira de l’ordinaire, ils notent toutes les idées qu’ils ont et se poussent dans leurs retranchements pour être créatifs.
Il ne suffit pas de s’asseoir à sa table pour avoir des idées. Il faut avoir développé son sens de l’observation, sa capacité à enregistrer ce qui se passe autour de vous pour ensuite collecter les idées que cela fait germer dans votre esprit. Et ensuite, quand toutes ces idées sont collectées (et c’est un travail permanent), l’écrivain fait le tri et façonne les idées qui ont le plus grand potentiel dramaturgique.
Une technique avancée enseignée par Fred dans la formation à l’écriture de romans à succès est celle du Super concept. Avec le super concept, vous tirez le meilleur parti des idées nouvelles que vous avez pour vous fournir les éléments de base à une bonne histoire qui pourra devenir un livre, mais aussi un film, une série TV ou un jeu.
En effet, les histoires sont à la base de tous les contenus créatifs et reposent toutes sur l’art de la narration. C’est cet art de la narration, cette capacité à enchaîner les idées dans votre terrain de jeu qui vous permettront d’écrire un livre qui sera un succès.
Avec le super concept, vous articulez 5 éléments dans quelques phrases qui forment le socle de tout votre roman.
- Le protagniste
- L’antagoniste
- Le contexte
- L’incident déclencheur
- L’enjeu
Et voilà votre protagoniste qui est projeté dans le monde de l’aventure.
Je ne peux pas ici détailler la construction et les piliers du super-concept, cet article n’y suffirait pas. D’ailleurs, il a fallu à Fred Godefroy un livre entier pour expliciter les idées, comment les collecter, les rendre vraisemblables, leur donner le goût du réel et les transformer pour développer leur potentiel dramaturgique.
2. La préparation
Consciente ou non, la préparation est une étape de développement indispensable pour l’auteur qui veut éveiller l’intérêt réel du lecteur et faire en sorte qu’il repose le livre qu’il a lu avec un sentiment de plaisir.
Quand on écrit un livre, bien se préparer est la clé pour arriver à ses fins.
Les personnes qui ont l’habitude d’écrire au fil de la plume, que l’on appelle pantsers en anglais, voient d’un mauvais œil cette phase de préparation. Mais qu’ils se rassurent, la préparation va les aider plutôt que les brider. En effet, quoi de plus terrible que d’accumuler les impasses narratives, d’écrire des histoires qui ne vont nulle part…
Plusieurs éléments vont être développés pendant cette phase de préparation, des éléments qui vont renforcer votre livre et vous permettre d’écrire un roman de manière plus aisée, en le rendant plus intéressant et donc plus plaisant à vos lecteurs.
- Les personnages
- Les lieux
- Les péripéties/la structure
- Le style
- Le genre
- l’histoire
Encore une fois, il faut un livre pour parler de tous ces éléments d’une bonne histoire, et ce n’est pas possible de tout résumer dans un seul article.
Cette étape est sans doute la plus importante de toutes, et représente la plus grande part de votre travail. Vous pouvez la faire de manière consciente, raisonnée, descriptive. Vous pouvez aussi la faire de manière inconsciente. Mais un petit conseil : ce que vous écrivez restera, alors que ce que vous imaginez dans votre seul esprit peut être effacé par d’autres événements, d’autres histoires.
Alors prenez votre carnet de notes, votre logiciel d’écriture, votre traitement de textes, faites des fiches et remplissez-les. Elles vous permettront non seulement de savoir où vous allez mais aussi d’aller plus en profondeur et en qualité dans ce que vous écrirez ensuite.
Une formule que j’apprécie pour mettre en valeur l’importance de la préparation, qui ne vient pas de Fred mais pas de moi non plus est que la préparation, c’est comme écrire un premier premier jet, un brouillon, une ébauche de ce que vous allez véritablement écrire.
Or ce qui fait la différence entre un bon roman et un roman raté, entre un roman à succès et un roman passable, c’est aussi la masse de travail qui est réalisée par l’auteur pour améliorer ce qu’il écrit (avez-vous vu les exemples des pages de correction et réécriture de Marcel Proust ?)
Si vous voulez mieux savoir comment préparer votre roman avant de vous lancer dans l’écriture, et de manière générale comment mieux écrire un roman, je vous conseille le livre de K.M. Weiland Préparez votre roman qui vous guidera au travers des écueils de la préparation et vous permettra d’améliorer votre travail avant même d’écrire une ligne de votre roman.
3. L’écriture
C’est le moment de vous éclater.
L’écriture est le moment où vous concrétisez à la fois vos idées et la préparation dans quelque chose d’écrit et de tangible, l’étape où vos idées pourraient devenir accessible à votre lecteur. Évidemment, vous ne lui ferez pas lire tout de suite ce que vous écrivez car le travail ne s’arrête pas là.
Comme votre préparation vous a permis de baliser ce que vous alliez raconter, comment vous alliez le raconter, qui allait le raconter et ce que vos personnages allaient vivre comme transformations, votre chemin est balisé. Vous avez défini un terrain de jeu, et vous pouvez vous déplacer dans ce terrain de jeu sans jamais craindre de vous égarer.
Vous pouvez même aussi vous éloigner un temps de cette route que vous avez tracée pour explorer d’autres chemins qui pourraient vous amener au même point, mais ne vous perdez pas à nouveau dans les méandres de votre imaginaire : retournez régulièrement sur la route, de manière à ne pas égarer le lecteur.
Lâchez prise et laissez votre histoire prendre les rênes. Vous verrez que c’est aussi excitant que d’écrire au fil de l’eau en se laissant guider par ses idées. Sauf que vous saurez déjà où vous allez pouvoir arriver et que vous ne vous perdrez pas en chemin. L’auteur doit alors disparaître et révéler son œuvre.
Surtout, ne vous mettez pas tout de suite en mode éditeur ! Ne partez pas dans la correction. Si vous avez besoin de reprendre le fil, relisez votre dernière page, puis repartez de l’avant. Oui, vous écrivez un premier je, et il a plein de défauts. Mais ce n’est pas le moment de se mettre à corriger ces défauts. C’est le moment de vous éclater et de foncer.
Ça y est ?
4. Réécriture
Oui, il y a quelques auteurs qui s’arrêtent au premier jet. Qui envoient à leur éditeur ce premier jet. Mais ce n’est pas le cas le plus fréquent, ni ce que l’on conseille à quelqu’un qui écrit ses premiers livres : ce ne serait pas très charitable.
La réécriture est une phase très importante de votre premier jet. Elle vous permet de reprendre de la hauteur sur tout ce que vous avez fait pendant de longues semaines, voire plusieurs mois pour mieux discerner ce qui nécessite d’être changé, amélioré, redéveloppé.
Ce qui est important dans votre relecture/réécriture, ce n’est pas l’orthographe. Oui, l’orthographe est importante, mais avant celle-ci, ce que l’éditeur recherche, c’est une bonne histoire, bien construite, avec un thème fort, des personnages vivants etc. Concentrez-vous sur votre histoire.
Déjà, commencez par vous rincer l’esprit : n’enchaînez pas directement écriture et réécriture. Laissez plusieurs jours, voire plusieurs semaines s’écouler entre les deux, histoire de relever la tête du guidon, de vous reposer, d’oublier un peu ce que vous avez déjà écrit pour aborder cette relecture et cette réécriture avec un esprit frais.
Consacrez vous dans un premier temps à la structure globale de votre roman.
Dans un second temps faites une réécriture/relecture à la ligne ou au paragraphe, pour vous intéresser à votre style, les mots que vous utilisez, la manière dont vous le dites.
Enfin, une troisième lecture pour faire la chasse aux plus grosses erreurs d’orthographe ou de syntaxe vous permettra d »améliorer une dernière fois votre ouvrage. Mais n’oubliez pas qu’un éditeur digne de ce nom fera passer votre livre entre les mains expertes d’une correctrice ou d’un correcteur une fois qu’il aura signé un contrat avec vous.
5. Vendre
Les éditeurs ne sont pas à la recherche de nouveaux auteurs, quoi qu’en disent certaines publicités. Ils ne considèrent pas que c’est un privilège qui leur est accordé que de lire des dizaines et des dizaines de manuscrits reçus chaque jour. Ils ne vous attendent pas.
Vendre votre livre et trouver un éditeur est donc une démarche longue et souvent décevante face au nombre de refus. Plusieurs auteurs américains ont publié les lettres de refus qu’ils avaient reçues avant de devenir un tant soit peu célèbres.
En France aussi, des auteurs et des autrices ont collectionné les refus sur des livres qui, finalement, se sont révélés être des best sellers.
Vendre son livre est donc une tâche ardue qui nécessite de la réflexion, de l’organisation et de la persévérance. Parfois, ces qualités font que l’on a ce qui ressemble à une chance exceptionnelle, par exemple, on envoie un manuscrit à un éditeur choisi précisément, et celui-ci répond directement par une proposition d’édition. Dans ces cas, c’est le travail en amont qui paie : sélection du genre, sélection de l’éditeur, écriture du manuscrit évidemment.
Un roman qui n’est pas publié, c’est beaucoup de travail pour rien. Mais, en tant qu’éditeur, je peux partager avec vous ce secret : il y a beaucoup de manuscrits qui ne méritent pas d’être publiés.
Il y a évidemment les erreurs que peuvent commettre les novices : envoyer son manuscrit à un éditeur qui publie des livres qui ne sont pas du tout dans le genre du roman par exemple. Si vous écrivez un roman, n’envoyez pas celui-ci à Eyrolles par exemple.
Alors, mettez toutes les chances de votre côté et ne négligez pas cette dernière étape, trop pressé(e) de trouver un éditeur ou de voir votre livre publié.