La vérité vous libérera, mais pas tant qu’elle n’en n’aura pas fini avec vous.
David Foster Wallace
Dans les arcs de personnages, comme dans les intrigues, le climax est le clou du spectacle. Le climax est la raison d’être de l’histoire. C’est le moment où l’auteur révèle ce que le voyage que le personnage vient d’endurer signifiait vraiment — et, dans un arc transformationnel positif, pourquoi ce voyage s’est avéré valoir tous les maux et traumatismes.
Plus important encore, le climax est le moment où votre personnage prouve qu’il a vraiment changé. Vos lecteurs ont été témoins de son évolution. Ils l’ont vu être secoué lorsqu’il a été expulsé de son monde normal. Ils ont observé ses réactions désespérées alors qu’il tentait de reprendre pied dans la première moitié du deuxième acte. Ils ont vu sa révélation au point médian, et la transition qui s’en est suivie, de son mensonge vers la vérité. Ils l’ont vu agir en fonction de la vérité au troisième nœud dramatique — et en payer le prix.
Maintenant, à peu près à la moitié du troisième acte, le conflit s’est intensifié au point qu’une confrontation doit avoir lieu entre le protagoniste et l’antagoniste. Si le protagoniste veut avoir une chance de gagner ce conflit, il doit prouver qu’il est capable de rester fidèle à la vérité sur le long terme. S’il ne peut pas rassembler toutes les leçons qu’il a apprises tout au long de l’histoire et s’y raccrocher maintenant, lorsque la pression est à son maximum, alors tout sera perdu à jamais.
Le climax est une scène ou une série de scènes qui oblige le protagoniste à affronter le conflit principal dans une confrontation décisive.
Le climax amène le conflit principal à une résolution qui remplit toutes les promesses du livre, tout en surprenant agréablement les lecteurs, car les événements ne sont pas tous exactement conformes à ce qu’ils auraient pu prévoir.
Le climax commence vers les 90 % de votre histoire et se termine juste avant la dernière ou les deux dernières scènes.
Le climax est parfois divisé en deux (le premier étant appelé « faux climax »), en fonction de la complexité du conflit et du nombre d’antagonistes que le protagoniste doit affronter.
Le climax
Nous avons terminé notre analyse du troisième acte en mentionnant une nouvelle attaque contre le nouveau paradigme de votre personnage (c’est-à-dire son adhésion à la vérité). Bien que cette nouvelle attaque puisse avoir entièrement lieu avant le climax (comme c’est le cas dans Jane Eyre lorsque St. John tente d’empêcher Jane de retourner à Thornfield), le plus souvent, cette attaque psychologique se poursuivra jusqu’au climax lui-même. Dans The Writer’s Journey, Christopher Vogler explique :
L’explication psychologique de telles contre-attaques est que les névroses, les défauts, les habitudes, les désirs ou les dépendances que nous avons remis en question peuvent régresser pendant un certain temps, mais peuvent revenir à la charge dans une défense ultime ou une attaque désespérée avant d’être vaincus pour toujours.
Choisir le moment du rejet final du mensonge auquel croit votre personnage
Rejeter le mensonge au moment du climax
Si votre conflit extérieur avec l’antagoniste est étroitement lié au conflit intérieur du protagoniste, ce dernier ne pourra pas se débarrasser de cet assaut avant le point culminant lui-même. L’antagoniste peut frapper le protagoniste avec le mensonge, martelant la peau nouvellement guérie qui s’est formée sur cette vieille blessure. C’est le point faible du protagoniste, et l’antagoniste le sait.
Placer la nouvelle attaque et le rejet final du mensonge et le passage du côté de la vérité dans votre climax vous permet d’harmoniser vos conflits extérieurs et intérieurs. Cela augmente également les enjeux et la tension. Les lecteurs sont assis sur le bord de leur siège, se rongeant les ongles, car ils savent pertinemment que si le personnage ne peut pas achever son arc maintenant, l’antagoniste le détruira.
Cependant, l’harmonisation des deux conflits a aussi ses inconvénients. Le climax étant une section très chargée de votre histoire, vous n’aurez pas toujours le temps et l’espace nécessaires pour terminer de manière cohérente l’arc de votre personnage en même temps qu’il affronte l’antagoniste. Un duel au sabre jusqu’à la mort n’est généralement pas propice à la prise de décisions existentielles.
Rejeter le mensonge avant le climax
En fonction du rythme de votre histoire, vous pouvez décider que le meilleur choix est de faire en sorte que votre personnage affronte et vainque son mensonge une dernière fois avant de se lancer dans le climax. À ce moment-là, votre personnage rejettera les derniers vestiges de doute relatifs au mensonge et s’avancera pour revendiquer la vérité. Il est, enfin, complètement épanoui — et, par conséquent, complètement capable d’affronter l’antagoniste. Il est transformé.
Le climax commence lorsque le personnage agit enfin et pleinement en fonction de sa nouvelle vérité. À ce stade, le personnage devrait en avoir fini avec toutes ses longues réflexions internes. L’incertitude qui subsiste concerne davantage les ramifications de sa nouvelle vérité (lui permettra-t-elle de vaincre l’antagoniste ou de se faire tuer au passage ?) que ses propres choix personnels.
Quelle que soit votre décision, gardez à l’esprit les conseils de Jordan McCollum dans Character Arcs :
L’une des choses les plus importantes à vérifier avec ce type de fin est de s’assurer que le personnage a tiré des leçons juste avant le climax. Si ces événements sont trop éloignés l’un de l’autre, le lien de causalité entre le fait de tirer des leçons et le succès final du climax est affaibli. S’il est possible de faire coïncider les deux événements, cela permet d’éviter tout problème de timing.
Le point culminant
Le point culminant est le climax du climax. C’est le moment précis qui résout le conflit global de l’histoire. Pour identifier votre point culminant, recherchez (ou créez) la scène que les lecteurs attendent depuis le début de l’histoire. Le méchant meurt. Le héros fait sa demande en mariage. La jeune fille obtient le travail qu’elle convoitait.
Le conflit prend fin parce que le protagoniste a finalement et définitivement détruit la force antagoniste. L’obstacle entre lui et son objectif disparaît. Cependant, cela ne signifie pas que le personnage obtient nécessairement la chose qu’il veut. Les histoires d’arc transformationnel positif ont pour but principal de permettre au personnage de trouver la chose dont il a besoin.
Ainsi, au moment où il atteint son objectif, l’objectif lui-même peut s’être complètement transformé, de sorte qu’il ne désire plus la chose qu’il veut. (Dans Le Grand National de Clarence Brown, Mi Taylor a gagné en respect de soi et ne veut plus voler les Brown ou abandonner le nom de son père).
Ou bien il peut encore désirer la chose qu’il veut, mais il la rejette, sachant qu’il ne peut pas la posséder en même temps que la chose dont il a besoin. (Dans Spider-Man, Peter Parker rejette l’opportunité d’une relation avec Mary Jane, car il sait que c’est le seul moyen de la protéger).
Ou bien ses raisons de la vouloir ont changé, ce qui le laisse mitigé quant à sa victoire. (Dans Sale Môme, Russ Duritz se débarrasse enfin de son jeune lui, mais sa présence lui manque.
Il peut aussi obtenir la chose qu’il veut, mais seulement parce qu’il se concentre maintenant sur la chose dont il a besoin. (Dans le roman Emma de Jane Austen, Emma parvient à épouser M. Knightley, mais seulement parce qu’elle a surmonté son égoïsme et sa vanité).
Comment le climax se manifeste-t-il dans les arcs des personnages ?
L’arc de votre personnage dans le climax peut se manifester comme suit :
Thor : une nouvelle attaque au cours de laquelle le frère de Thor le fait revenir, brièvement, à son agressivité. Thor prouve alors finalement sa dévotion à sa nouvelle vérité en détruisant le Bifrost et (semble-t-il) toute chance de retourner auprès de son nouvel amour, afin de protéger les autres royaumes. Le point culminant est atteint lorsque Loki (semble) se suicider, éliminant ainsi l’obstacle entre Thor et son objectif de paix.
Jane Eyre : Jane rejette totalement la nouvelle attaque de St. John contre sa vérité lorsqu’elle entend Rochester l’appeler. Elle laisse tout tomber pour retourner auprès de lui à Thornfield. Elle prouve sa nouvelle mentalité en étant déterminée à ne pas l’épouser — pour être heureusement surprise lorsque les circonstances, y compris sa propre transformation, lui permettent finalement d’être avec lui. Le point culminant est atteint lorsqu’elle annonce à Rochester qu’elle est de retour auprès de lui.
Jurassic Park : le Dr Grant combat les raptors au péril de sa vie afin de sauver les enfants (ce n’est pas exactement une nouvelle attaque, mais elle remplit essentiellement la même fonction dans cette histoire où l’action est très présente et les personnages peu nombreux). Le point culminant est atteint lorsque le T-Rex s’écrase dans le hall et détruit les raptors.
Le Secret des frères McCann : Walter résiste aux attaques physiques du petit ami violent de sa mère et refuse de croire que ses oncles bien-aimés sont des voleurs. Il revendique activement comme vérité leurs histoires d’aventures de jeunesse et prouve qu’il est prêt à être torturé pour cela. Le point culminant arrive plus tard lorsqu’il confronte sa mère et insiste pour qu’elle lui permette de rester avec ses oncles.
Toy Story : les autres jouets se moquent du fait que Woody ait changé d’avis sur Buzz, même après qu’il a sauté dans le camion de déménagement et essayé d’utiliser Karting pour sauver Buzz. Le point culminant arrive lorsque Buzz et lui atterrissent sains et saufs dans la voiture d’Andy.
Les Rois du désert : les officiers supérieurs d’Archie, Troy et du sergent-chef les menacent de les faire passer en cour martiale et de rendre les réfugiés chiites aux soldats de Saddam. Le point culminant arrive lorsque, pour permettre à tout le monde de survivre, ils décident de troquer leur or pour faire passer la frontière aux chiites et les mettre en sécurité.
Hooligans : la nouvelle attaque vient surtout de Matt lui-même. Il ne peut supporter l’idée de laisser ses compagnons se battre seuls alors qu’il sait qu’ils sont susceptibles de mourir. Il revient, avec sa sœur et son neveu, pour tenter de les aider, mais il se rend compte que la meilleure chose qu’il puisse faire pour eux est de protéger sa famille. Le point culminant est atteint lorsque son beau-frère sacrifie sa vie pour les aider à s’échapper.
Quoi de neuf, Bob ? : la nouvelle attaque vient de Leo, qui attache Bob à des caisses de dynamite, appelant cela « la thérapie de la mort ». Une fois sa peur passée, Bob accepte finalement la thérapie et est « guéri ». Le point culminant est atteint lorsque Bob met fin à sa propre capacité à tourmenter Leo en faisant accidentellement exploser la maison du lac et en plongeant Leo dans un état catatonique.
Autres exemples de climax dans les arcs de personnages
Un chant de Noël : la transformation de Scrooge est pratiquement achevée avant qu’il ne quitte le Noël futur et n’entre dans le climax. Il jure au fantôme de Noël Futur qu’il sera un homme différent si on lui donne la chance de vivre à nouveau. De retour dans sa chambre à coucher, il entreprend immédiatement de prouver son changement en faisant du bien à tous ceux qu’il a snobés dans le premier acte. Le point culminant arrive lorsqu’il démontre de manière décisive sa dévotion à sa nouvelle vérité de charité et de bienveillance en donnant des cadeaux et de la nourriture aux Cratchit et en accordant à M. Cratchit une augmentation exorbitante.
Cars : Flash comprend l’importance de ses amis dans sa vie lorsqu’il accepte avec joie leur aide en tant que nouvelle équipe. Il reprend la course avec un nouvel objectif, rattrapant ainsi son retard. Mais même si son attitude envers les habitants de Radiator Springs est manifestement différente de celle qu’il avait au début, il n’a toujours rien fait pour prouver sa dévotion à la nouvelle vérité. Il en a l’occasion lorsque Chick Hicks agit de manière égoïste (tout comme l’aurait fait Flash au début du film) et provoque l’accident de The King, la vieille voiture de course respectée. Flash, qui est sur le point de gagner la course, voit ce qui s’est passé et se rend compte qu’il est plus important d’aider The King que de gagner la course. Dans un magnifique point culminant, il freine brusquement juste avant la ligne d’arrivée, permettant à Chick de gagner. Il fait ensuite demi-tour pour aider The King à terminer sa course.
Questions à se poser sur l’arc de votre personnage dans le climax
1. Comment votre personnage prouve-t-il qu’il a changé dans le climax ?
2. La nouvelle attaque contre sa nouvelle vérité a-t-elle lieu avant le climax ou pendant le climax ? Quels sont les défis de rythme de l’un ou l’autre choix ?
3. Comment l’adhésion finale du personnage à la vérité permet-elle sa victoire dans le conflit extérieur ?
4. Accepte-t-il pleinement la chose dont il a besoin dans le climax ?
5. Comment utilise-t-il la chose dont il a besoin pour vaincre l’antagoniste ?
6. Obtient-il la chose qu’il veut ?
7. Comment son point de vue sur la chose qu’il veut a-t-il changé ? La veut-il toujours ?
Le début de votre histoire posait une question : le personnage va-t-il surmonter son mensonge et ainsi obtenir la chose dont il a besoin ?
Dans un arc transformationnel positif, le climax répond à cette question par un grand oui. Plus que cela, il fournit une preuve visuelle et spectaculaire de la façon dont le personnage a été changé par la vérité.
Votre personnage vient de terminer son arc. Il sort de votre histoire en étant une meilleure personne qu’il n’y est entré, et les lecteurs peuvent être sûrs que, quelles que soient les épreuves que le personnage devra affronter à l’avenir, il est maintenant mieux équipé pour les affronter. Tout ce qui reste à faire est la réparation émotionnelle (très importante) de la résolution.
Lire les articles précédents de cette série :
Partie 1 : Pouvez-vous structurer un personnage ?
Partie 2 : Le mensonge auquel croit votre personnage
Partie 3 : La chose que votre personnage veut vs. la chose dont votre personnage a besoin
Partie 4 : Le fantôme de votre personnage
Partie 5 : Le Moment Caractéristique
Partie 8 : Le premier nœud dramatique
Partie 9 : La première moitié du premier acte
Partie 11 : La deuxième moitié du deuxième acte